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La messe en ut mineur KV 427 de Mozart a été composée (pour sa partie achevée et l’esquisse d’autres numéros) pendant l’automne et l’hiver 1783.

Cette œuvre s’inscrit dans le fil d’une série d’événements dont l’ensemble témoigne, en l’espace de trois années environ, de progrès décisifs pour l’accession de l’homme et du compositeur Mozart à la plénitude de lui-même : janvier 1781, création à Münich d’Idomeneo (dramma per musica) ; mai 1781, rupture à Vienne avec le prince archevêque de Salzburg ; juillet 1782, représentation à Vienne du Singspiel « L’Enlèvement au Sérail », étape importante sur le chemin qui conduit le compositeur proche de la maçonnerie de « Thamos, roi d’Égypte » (1774) à « La Flûte enchantée » (1791) ; août 1782, mariage avec Constance Weber, sans le consentement de Leopold ; entre juillet et octobre 1783, exécution de la messe à Salzburg, complétée par des morceaux issus d’autres compositions ; décembre 1784, cérémonie d’initiation au sein de la loge maçonnique Zur Wohltätigkeit

Au sein de la messe, l’Et incarnatus représente une forme d’acmé à la fois de la spiritualité et, au plan de la stylistique générale, de la messe « de concert », exemple de musique liturgique ouverte à l’esthétique de l’opéra. La cadenza qui conclut l’aria pour soprano solo « Et incarnatus » constitue l’un des points culminants d’une poétique qui fait agir conjointement ces deux pôles a priori opposés : écriture opératique et spiritualité. Or, il se trouve qu’au plan de l’écriture musicale proprement dite, la cadenzade la messe entre en résonance avec deux arie d’opéra écrits, d’une part, pour Idomeneo, d’autre part, pour L’Enlèvement. C’est à cette rencontre inattendue que l’on propose de s’intéresser.

 

Pierre Saby a été professeur en musicologie à l’université Lumière Lyon 2 et est toujours membre associé au laboratoire de recherche IHRIM (UMR 5317, CNRS/Universités de Lyon et Saint-Etienne).

Auteur d’une thèse de doctorat consacrée au chœur dans l’œuvre dramatique de J.-Ph. Rameau, il s’est intéressé plus généralement, d’une part, au genre opéra (publication en 1999 d’un Vocabulaire de l’opéra), d’autre part, à la notion de classicisme en musique. Une part importante de ses recherches a été consacrée à l’esthétique musicale des Lumières, notamment dans l’œuvre scénique ou instrumental de J.-Ph. Rameau, ainsi qu’aux écrits sur la musique et aux œuvres musicales de J.-J. Rousseau.

Il a étudié également le discours sur la musique dans la presse française du xviiie siècle, et a travaillé sur la poésie fugitive et la chanson de la même période (publication en 2019 d’une anthologie de pièces en vers de Gabriel-Charles de Lattaignant).